La stéganographie est l’art et la science de dissimuler un message, une information ou un fichier à l’intérieur d’un autre support de manière à ce que l’existence même du message caché ne soit pas perceptible.
De la science à la poésie
L’optogénétique, mise au point en 2005, offre la possibilité de contrôler l’activité neuronale grâce à la lumière, en utilisant des protéines sensibles appelées opsines. Plus précise que les approches classiques, cette technique permet un contrôle à l’échelle de la milliseconde et ciblé sur des groupes spécifiques de neurones. Elle a profondément transformé les neurosciences en ouvrant la voie à l’exploration fine des circuits cérébraux.
Parmi ses applications, l’optogénétique a permis l’étude des neurones du souvenir, appelés engrams ou cellules engrammes. Ces neurones s’activent lorsqu’un souvenir se forme, puis se réactivent lorsqu’il est rappelé.
Grâce aux opsines, les chercheurs peuvent identifier, stimuler ou inhiber précisément ces cellules de la mémoire. Ainsi, en réactivant artificiellement des cellules engrammes par la lumière, il devient possible de raviver un souvenir.
Un neurone, par sa forme, évoque un arbre : le corps cellulaire en est le tronc, les dendrites ses branches réceptrices, et l’axone son long prolongement qui transmet l’influx. Les colorations utilisées par les scientifiques transforment parfois cet arbre microscopique en une silhouette lumineuse.
Et pourtant, il ne restera qu’un souvenir.
L’énergie vitale d’un arbre, invisible à l’œil nu, se ressent intensément dès que l’on pénètre dans une forêt. J’ai voulu donner corps à cette force impalpable, mes photos d’arbres je les ai peintes avec une encre bleue invisible, qui ne se révèle qu’à la lumière d’une lampe UV.
Mais, comme toute chose, cette lueur s’éteindra peu à peu, jusqu’à disparaître. Ne subsistera alors que l’image figée du squelette magnifique de l’arbre, avec ses branches et ses fines ramures.
Il restera aux spectateurs, qu’un souvenir de cette lumière bleue qui courait le long du tronc, puisait dans les racines profondément ancrées dans la terre, et le tirage d’une photo d’arbre.
Boucler la boucle
Si l’optogénétique permet de réactiver les neurones de la mémoire en les faisant apparaître sous la forme d’un arbre lumineux, pourquoi ne pas offrir au spectateur l’image d’un arbre dont l’énergie vitale serait représentée par une lueur bleue ? Destinée à s’éteindre peu à peu avec le temps, il ne resterait alors que le souvenir. Et si ce souvenir venait à être réactivé à la lumière de l’optogénétique, il renaîtrait sur l’écran du chercheur sous la forme d’un arbre lumineux.